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Billet de Josette | Aération Semaine 3

Quand j’entends un mot nouveau ou que je doute de la signification et/ou de l’orthographe d’un autre mon réflexe est de consulter le Larousse. Il a bercé mon enfance, mes études et est le fidèle compagnon de ma vie professionnelle. Je suis tellement accro qu’il est dans le peloton des 5 ouvrages que j’emporterais sur une île déserte. Certes, je reconnais que placer «palinodie», «stéréotaxie» ou «vernaculaire» dans une conversation n’est pas simple mais je suis contente de savoir que ces mots existent et d’en connaître le sens.

Vous pensez que je m’égare ! Pas du tout. Pour mon 3e billet d’aération j’aborde le point de mire et la vision aussi ai-je ressenti le besoin d’en vérifier les significations. Voici celles qui pourraient vous intéresser voire vous interpeller :

Point de mire – Avoir quelque chose en point de mire, dans sa ligne de mire, l’avoir en vue comme but à atteindre (posséder un objectif si vous préférez). Personne sur laquelle se dirigent les regards (à cet égard vous le valez bien !).

Vision – Fait, action de voir, de regarder quelque chose. Manière de voir, de concevoir, de comprendre quelque chose de complexe. (Personne d’autre que vous ne peut expliquer votre métier et votre fonction. Votre manager, si brillant soit-il, ne sait pas et ne saura jamais en quoi cela consiste !).

Je vais donc fusionner les deux et vous proposer d’oser devenir le/la professionnel(le) que vous voulez être !

Dans mon précédent billet je vous demandais d’identifier ce que vous vouliez vraiment et, surtout, ce que vous ne vouliez pas. C’est votre vision. Sans vision claire, la sensation de flou et d’éparpillement s’installe et nuit considérablement. On se laisse bercer, mollement, par un quotidien pas toujours à la hauteur de nos espérances mais tellement rassurant. On rêve à un futur meilleur. On ne bouge pas pour ne pas se faire «mal voir». On attend qu’il se passe quelque chose et/ou que quelqu’un nous remarque… et… il ne se passe rien ! Le manager parfait ne nous remarque pas. Le quotidien devient de plus en plus ennuyeux car routinier, les déceptions s’enchaînent, la néfaste rancœur s’installe et le futur s’assombrit. Mais alors… que faire ? Ma réponse est simple : «Just do it» ! Souvent je me suis appuyée sur ce slogan de Nike pour faire bouger et avancer mes stagiaires.

Donc… possédez-vous une vision claire du/de la secrétaire/assistant(e) que vous voulez être ? Il y a fort longtemps Gilberte Beaux écrivait «On devient la secrétaire que l’on a envie d’être». Mai 2020 et j’acquiesce toujours à cette citation. Il vous appartient, et seulement à vous, de choisir. A écouter les autres on ne devrait pas faire ceci ou cela ! Qui vous en empêche sinon vous ?

Quand j’avais 20 ans (que c’est loin !) j’avais les idées très claires quant à mon métier. Je faisais déjà partie des rares secrétaires (on ne disait pas assistant(e)s à l’époque) qui osaient prendre la parole en réunion, qui donnaient leur avis, qui n’avaient pas peur du «qu’en-dira-t-on ?» (dont je me moquais d’ailleurs allègrement), qui négociaient avec leur manager (on disait patron à l’époque) et qui refusaient d’attendre. J’ai toujours considéré l’attentisme comme une source de désillusion. Revenons quelques instants à Larousse : attitude individuelle qui consiste à refuser l’initiative et à se déterminer suivant les circonstances. Certains parlent de prudence. Je parle d’immobilisme : les circonstances ne se produiront peut-être jamais !

Voici une petite histoire significative de mon positionnement. J’avais 23 ans. J’ai négocié, sans faillir, l’expérience palpitante de la compréhension et de la conduite des engins de chantier : bulldozers, excavatrices, pelleteuses…, dans le centre de formation solognot de mon entreprise. Imaginez la tête de mon patron, directeur commercial de cette multinationale, stupéfié par ma demande ! Mon argument : «Je ne suis pas technicienne donc je suis incapable de différencier tel modèle de tel autre. Quand les clients appellent je suis obligée de transférer leurs demandes aux ingénieurs et/ou aux commerciaux. Il en découle une perte de temps pour tout le monde. Si j’avais quelques connaissances techniques je pourrais satisfaire leurs premières interrogations, mieux les servir et patati et patata...» J’étais tellement convaincue, sûre de moi et enthousiaste qu’il a accepté et je suis partie une semaine dans le centre avec mon casque, mes lunettes, mes bottes et mon hideuse combinaison de travail.

A mon retour ce fut un défilé dans mon bureau : mes collègues secrétaires qui n’en revenaient pas, les commerciaux qui «testaient» mes nouvelles connaissances, les ingénieurs qui riaient sous cape, les autres directeurs qui voulaient comprendre ma démarche, jusqu’à la secrétaire du Président qui avait daigné quitter son bureau pour m’interroger sur le bien-fondé de cette «excursion» ! Résultat : après une semaine de travail acharné, prises de notes scrupuleuses, assimilation intensive et douloureuses courbatures, je «brillais» grâce à mes nouvelles compétences techniques. Six mois plus tard je changeais de fonction pour devenir la correspondante privilégiée des clients à la demande du Président.

La vision de la relation que vous voulez avec votre/vos manager(s) et les valeurs que vous voulez transmettre ont également une grande importance. Avec votre manager vous devez être dans une relation de saine confiance. Vous devez pouvoir tout vous dire bilatéralement (entre quatre yeux évidemment). L’essentiel est de bien choisir ses mots et le moment. Si vous avez apprécié l’histoire précédente en voici une autre vécue, 4 ans plus tard, avec mon DG : les dossiers s’empilaient sur mon bureau. Je n’avais pas les réponses de mon patron, complètement débordé, malgré mes incessantes et courtoises relances. J’étais harcelée téléphoniquement par une multitude de personnes qui voulaient savoir ! Un matin je lui ai posé, pour la xième fois les mêmes questions. Avait-il passé une mauvaise nuit ? S’était-il disputé avec son épouse ? Sa voiture l’avait-elle lâché ?… Je l’ignore. Toujours est-il qu’il m’a répondu très sèchement «Josette vous êtes une véritable emmmerdeuse !». Imperturbable ma réponse a fusé «C’est exact Monsieur et je suis même payée pour ça ! Donc je vous repose mes questions». Médusé par mon audace il a rit et j’ai obtenu mes fameuses réponses.

Sachez que le conflit est normal voire sain et que le consensus est toujours provisoire. Vous êtes en désaccord avec votre manager : exprimez-le factuellement. Ce qui ne s’exprime pas s’imprime : vous gardez tout sur l’estomac et risquez d’exploser à un moment inopportun ! Vous vous engueulez avec votre manager : vous êtes dans une relation normale ! L’expression «Cela va sans dire» m’a toujours profondément agacée. Les choses vont beaucoup mieux en les disant franchement.

Quant aux valeurs elles sont votre socle indestructible. Sans elles vous pilotez dans le brouillard, en pleine nuit par temps d’orage ! Autrement dit vous allez d’hésitation en hésitation et vous vous retrouvez le postérieur entre deux chaises sans même avoir identifié la distance qui sépare les chaises ! Si vous êtes ferme sur vos valeurs (a titre personnel je les nomme mes principes unificateurs de vie) les autres les accepteront.

Je vois d’ici certaines têtes s’allonger à la lecture de ce billet : Josette j’ai une vision claire mais cela ne sert à rien que je l’exprime : les secrétaires/assistant(e)s ne sont pas reconnu(e)s dans ma société. C’est décourageant».

Le mot est lâché : reconnaître ! D’abord comment le savez-vous ? Ensuite comment vous positionnez-vous pour faire reconnaître votre métier. Dans reconnaître il y a connaître donc… comment vous faites-vous connaître quotidiennement ? Comment faites-vous connaître votre professionnalisme ? Relisez la définition de point de mire et appuyez-vous sur René Char. Il est de bon conseil :

«Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque.
A te regarder, ils s’habitueront

Tout est dit !

Josette Dubost
Membre fondateur – Expert métier FFMAS